
Madagascar est l’un des pays les plus vulnérables au changement climatique, bien qu’il ne soit responsable que de 0,09 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Selon le rapport national sur le climat et le développement (2024), le pays a connu, en vingt ans, 35 cyclones, 8 inondations graves et 5 sécheresses prolongées — soit trois fois plus d’événements extrêmes que les deux décennies précédentes. Les régions du Nord et du Nord-Est en sont les plus touchées. Et si ces phénomènes deviennent moins fréquents dans les années à venir, leur intensité risque d’augmenter sans adaptation appropriée.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une hausse des températures de 1,6 °C, une baisse des précipitations de 15 à 20 %, l’allongement des saisons sèches, des pluies plus intenses, et une montée des eaux de 0,6 cm par an (World Bank Group, 2024). À long terme, cela pourrait provoquer une baisse du potentiel halieutique, une acidification des océans et une désertification progressive.
Face à cette évolution, les actions de l’association Fanamby en termes de conservation et d’appui au développement prennent tout leur sens.
D’abord, en protégeant les forêts sources d’approvisionnement en eau comme celles d’Anjozorobe Angavo, Fanamby permet aux communautés de bénéficier d’un approvisionnement constant en eau pour l’agriculture. Ensuite, l’appui aux communautés inclut un volet de sécurité alimentaire. À Fénérive Est, par exemple, les producteurs de vanille, au sein de l’entreprise sociale Tambatra, bénéficient d’un appui malgré la chute du prix de la vanille. Fanamby appuie Tambatra en s’engageant auprès de nos producteurs pour avoir un meilleur prix, ce qui a permis d’atténuer les impacts économiques de cette baisse. De plus, Fanamby renforce l’autonomie des femmes en soutenant des groupements de maraîchères et en favorisant la mise en place de systèmes d’épargne communautaire. Ces initiatives encouragent l’entrepreneuriat féminin et contribuent à une plus grande indépendance économique au sein des communautés.


Par ailleurs, la restauration des écosystèmes, notamment les bassins versants et les mangroves, constitue également une priorité comme une des mesures d’adaptation au changement climatique. Depuis 2020, Fanamby a reboisé près de 176 hectares de mangroves avec l’implication active des populations locales. Les mangroves atténuent les impacts des cyclones, et assurent le maintien des ressources halieutiques. Mack Brice, Responsable de Conservation Marine pour l’Aire Protégée de Loky Manambato souligne que « Après les cyclones, on observe nettement que les rivages sans mangroves sont érodés, alors que les zones couvertes de mangroves tiennent bon. »
D’ailleurs, la gestion communautaire des ressources halieutiques s’inscrit dans le soutien à l’économie bleue. Dans plusieurs villages, des pêcheurs, accompagnés par Fanamby, ont mis en place des réserves de pêche temporaires appelées tahirin-daoko. Le principe est simple : fermer d’un commun accord une zone de pêche pendant plusieurs mois pour laisser le temps aux poissons de se reproduire. À sa réouverture, la réserve est exploitée de manière raisonnée, un peu comme on retire des intérêts sur un compte d’épargne, sans toucher au capital. Aujourd’hui, neuf réserves communautaires sont actives, chacune gérée par une association de pêcheurs selon des règles établies par des Dina, des lois locales partagées et respectées par tous. Les résultats sont encourageants. Les pêcheurs rapportent une augmentation des prises, même à proximité du rivage. « Avant, on devait aller très loin pour pêcher. Aujourd’hui, les poissons sont plus proches, grâce à ces réserves », raconte un pêcheur de l’Aire Protégée de Loky Manambato.

Enfin, des associations de femmes assurent désormais la protection des mangroves. Autrefois en retrait, ces femmes deviennent actrices de changement et entreprennent de nouvelles activités économiques. Grâce à ces dynamiques, les coupes de mangroves ont fortement diminué. « Les gens ont compris leur importance », confie une membre d’un groupement.
Ces initiatives communautaires racontent une autre manière de penser la conservation : une approche ancrée dans les réalités locales, où biodiversité et vie humaine se renforcent mutuellement. Pour Fanamby, protéger les aires protégées, c’est aussi protéger des modes de vie, des savoir-faire et des espoirs. C’est ouvrir la voie à des communautés plus résilientes, face aux incertitudes climatiques de demain.
Sources:
Fanamby, 2024. Rapport Annuel 2024. Disponible ICI.
World Bank Group, 2024. Rapport national sur le climat et le développement de Madagascar. CCDR Series. Disponible ICI.