2000 volontaires locaux pour lutter contre les incendies dans leur forêt
Les feux de forêt constituent un fléau qui fait beaucoup de mal aux lémuriens, aux habitants, mais aussi au pays dans sa globalité. Car lorsque ce sujet est abordé, nous ne considérons pas uniquement la réduction de la couverture forestière, mais nous parlons aussi de perte d’habitats et de ressources naturelles pourtant vitales pour tous. D’après la dernière étude de l’UICN, 98 % des lémuriens sont menacés d’extinction. La même étude a en plus confirmé que 31 % des espèces de lémuriens figurant sur la liste rouge sont en situation critique. Et ce constat des plus inquiétants est fait alors même qu’une 113e espèce de lémurien a été découverte récemment. Elle a d’ailleurs été nommée Microcebus jonahi en hommage au Professeur Jonah Ratsimbazafy, président du GERP et administrateur de Fanamby. Hormis la faune et la flore grandement menacées par les feux de forêt, les répercussions sont également d’ordre socio-economique, à travers la sécheresse qui raréfie l’eau et dégrade de plus en plus les terres cultivables. En outre, dans certaines régions touchées, les communautés locales doivent aussi faire face à la raréfaction d’une espèce de Sapotaceae appelée nanto qui a pourtant une valeur culturelle importante pour elles, notamment dans leur coutume funéraire.
Alors que le braconnage et l’exploitation forestière illégale font partie des principales menaces pour la biodiversité à Madagascar, les incendies de forêt se retrouvent donc en tête de liste ces dernières années. Les dernières statistiques de l’UICN relève que 33 espèces de lémuriens figurent sur la liste des espèces en grand danger d’extinction, en particulier le Propithecus verreauxi et le Microcebus Berthae qui dépendent de la forêt du Menabe Antimena pour survivre. Il faut d’ailleurs souligner que cette zone protégée était autrefois un havre de 210 312 ha pour les espèces endémiques qu’elle abrite, pour le tourisme écologique, mais également pour les communautés locales.
Malgré la détermination des intervenants qui travaillent en équipe, la lutte est constante dans la zone Menabe Antimena afin d’empêcher la propagation des feux de forêt et sauver le plus de richesse naturelle possible. Le but étant de limiter l’impact négatif sur l’environnement, sur les conditions de vie sur place et sur le patrimoine naturel à transmettre à la prochaine génération.
Au cours des dernières années, une stratégie de lutte contre les incendies a été établie au niveau local. Elle intègre un projet soutenu par USAID Mikajy visant à renforcer les capacités des jeunes de la région à surveiller leur forêt. En décembre 2019, 20 bénévoles ont alors été formés dans le cadre d’un système de formation en cascade. Ainsi, nous pouvons aujourd’hui compter sur 2 000 volontaires qui sont déterminés à protéger leur forêt et à préserver leur environnement. À l’échelle locale, ces bénévoles font de la surveillance afin de détecter les incendies et enregistrent leurs patrouilles. De ce fait, tous les feux de forêt identifiés constituent de précieuses données et informations permettant des interventions plus efficaces. Les relevés de surveillance servent aussi à suivre l’évolution des feux de friches dans la zone protégée pour ensuite agir dans les délais. Grâce aux actions des bénévoles, un pare-feu de 15,1 mètres a été judicieusement établi pour endiguer la propagation des feux de forêt à Lambokely et Kiboy.
Malgré tous les efforts déployés, Menabe Antimena est toujours sous la menace. Le pays se trouve également dans une situation préoccupante, car l’eau se raréfie et la désertification progresse vers la partie nord de l’île. Madagascar doit en plus faire face à une population qui perd de plus en plus ses repères identitaires.
Toutefois, l’ONG Fanamby estime que l’engagement à long terme de tous, donateurs et acteurs, peut arriver à restaurer la zone. Il faudra certainement du temps pour guérir, même si le temps est justement ce qui nous manque aujourd’hui.