Le paysage harmonieux d'Anjozorobe Angavo représente l'un des rares vestiges de forêts primaires des hautes terres centrales. Cette zone abrite une grande variété d'espèces végétales et animales uniques et de nombreux cours d'eau, où plusieurs rivières prennent leur source. En raison de sa proximité avec la ville d'Antananarivo, la forêt est proie aux pressions croissantes telles que l'exploitation forestière, l'agriculture sur brûlis et le charbonnage, pour répondre aux besoins d'une population grandissante. La restauration forestière est de ce fait essentielle pour remédier à la perte croissante de la couverture forestière causées par ces activités.
Une restauration forestière - késaco ?
La restauration forestière consiste à rétablir la couverture forestière dans les zones dégradées ou déforestées. Elle peut être effectuée soit en plantant des arbres indigènes (restauration active), soit en protégeant la zone pour encourager la régénération naturelle de la forêt (restauration passive). Cette action permet de restaurer les biens et services écologiques vitaux non seulement pour la biodiversité, mais aussi pour les communautés locales. En restaurant des forêts défrichées, ces communautés peuvent bénéficier d’un meilleur approvisionnement en eau, d'une meilleure protection contre l'érosion, et d'une meilleure productivité du sol. La restauration forestière permet ainsi de renforcer la résilience des communautés face aux effets néfastes du changement climatiques.
Des efforts de restauration sur deux fronts
Dans l'Aire Protégée d'Anjozorobe Angavo, Fanamby mène des actions sur les deux fronts. La première consiste à des activités de sensibilisation, de patrouilles de surveillance et de contrôle. Ces missions de patrouilles et de contrôle sont régulièrement effectuées par des patrouilleurs communautaires aussi connu sous le nom de KASTI (Komitin’ny Ala Sy ny Tontolo Iainana) pour la région Analamanga et KMT (Komity Miaro ny Tontolo Iainana) pour la région d’Alaotra Mangoro. Leur rôle est de surveiller la forêt et de rapporter toute infraction commise à l’intérieure de l’Aire Protégée (AP).
A la suite de leurs rapports d’infraction, des missions de descentes mixtes cette fois composées de représentants de Fanamby, des KASTI/KMT, des éléments de force de l'ordre, d'officiers de police judiciaire sont effectuées pour saisir les produits illicites et appréhender les malfaiteurs. Cette première mesure permet de protéger le noyau dur de l’Aire Protégée contre toute perturbation humaine pour qu'elle puisse se régénérer naturellement.
La seconde mesure consiste en une campagne de reforestation par le reboisement des zones dégradées avec des jeunes plants d'essences autochtones. Depuis Février 2023, plus de 25 000 jeunes plants ont été plantés sur cinq sites de reboisement situés à Ambatomainty an'ala, Ambatomasina, Antsiripotaka, Beorana et Marovato. Chaque site s'étend sur 5 hectares, pour un total de 25 hectares de forêt restaurée. La diversité des espèces a été favorisée avec une moyenne de 16 espèces autochtones par site et un record de 45 essences autochtones plantées à Antsiripotaka.
Toutefois, les espèces pionnières ont les plus représentées à l'instar de l'Andrarezina (Trema orientalis), le Harongana (Harungana madagasacriensis) et le Valanirandrano (Nuxia sp.). Ces essences sont les premières à apparaître après un défrichement en forêt tropicale. A croissance rapide et se développant au mieux au soleil, elles se disséminent facilement et serviront d’ombrages pour les espèces qui se développent plus à l’ombre. En reboisant ces espèces, l'objectif sera de favoriser le démarrage du processus de succession forestière sur la zone défrichée.
Le rôle clé des communautés
La participation des communautés a été essentielle dans la réussite de cette action de reforestation, soulignant ainsi l'importance de leur implication dans les efforts de conservation de l'environnement. En tout, plus de 460 personnes ont participé à cette campagne, dont 49% étaient des femmes, et étaient activement impliquées dans les activités de trouaisons, de collecte des sauvageons, de transports et de mises en terre des jeunes plants. En effet, ces jeunes plants ont été issus de plusieurs sources notamment les pépinières, la collecte des sauvageons dans la forêt, et le bouturage.
Ces efforts de reforestation forestière se poursuivront jusqu'à la fin de la saison des pluies, dans le but ambitieux de planter 400 000 jeunes plants et de restaurer une surface de 400 hectares de terres dégradées. Ces actions sont financées par l'organisation Rewild, qui s'engage activement dans la protection et la restauration de la vie sauvage. Toutefois, une fois que la saison des pluies se terminera, la saison sèche arrivera et avec elle, la saison des feux. A partir de Septembre, l'accent sera mis sur la prévention et la lutte contre les incendies de forêt, qui représentent une menace majeure pour les écosystèmes forestiers et la vie des populations locales.