La lutte contre les feux continue de porter ses fruits. Cette année, la déforestation a atteint son niveau le plus bas depuis 20 ans grâce au leadership de Fanamby et au travail acharné de nombreux acteurs de la région. Un résultat empreint d’espoir et de fierté, car Menabe Antimena n’est plus vouée à disparaître.
Un objectif de sécurisation du noyau dur atteint
Menabe Antimena est l'une des plus grandes étendu de forêt sèche à Madagascar, abritant une biodiversité unique et endémique, ainsi qu’une population locale dépendante des services qu’elle fournit. Mais cette forêt est menacée depuis longtemps par les feux de brousses, les cultures sur brûlis, et l’exploitation illégale de bois précieux.
Face à cette situation, Fanamby a basculé sa stratégie en 2021 avec un projet ambitieux visant à sécuriser le noyau dur de l’Aire Protégée de Menabe Antimena (APMA) en collaboration avec le gouvernement, les autorités locales, les communautés et les partenaires techniques et financiers. Cette année, l’objectif était de limiter la déforestation à moins de 500 hectares.
Des mesures efficaces pour protéger la forêt
Pour atteindre cet objectif, Fanamby, en collaboration avec Durell, a a mis en place plusieurs mesures, notamment :
- La création de deux brigades, composées de forces de l’ordre, d’officiers judiciaires et de membres locaux, chargées de mener des patrouilles, des investigations et des arrestations pour dissuader les récidivistes. Il s’agit des brigades mixtes et des brigades vertes.
- Le renforcement des capacités des comités locaux de la conservation sur l’utilisation du Spatial Monitoring Reporting Tool, acronyme de SMART, et à la prévention, à la détection et à l’extinction des feux.
- La sensibilisation des populations à l’importance de la conservation de la forêt, à travers des campagnes de communication, des formations, et des animations.
- Le soutien aux activités alternatives génératrices de revenus, telles que l’agroforesterie, le tourisme communautaire et l’artisanat, pour réduire les pressions sur les ressources naturelles et améliorer les conditions de vie des habitants.
Une année difficile, mais un résultat encourageant
Ces mesures ont porté leurs fruits, malgré une année difficile marquée par une forte pression des feux, aggravée cette année par la tenue des élections présidentielles. Selon les données satellitaires, la déforestation dans le noyau dur a atteint son niveau le plus bas depuis 20 ans, avec seulement 311 hectares perdus en 2023, soit une baisse de 40% par rapport à l'année dernière.
“Nous sommes fiers et encouragés de tout ce que nous avons pu accomplir”, affirme Soary Tahafe, directeur régional de Fanamby à Menabe. “Nous avons anticipé une hausse considérable des pressions cette année. Et elles se sont effectivement manifestées. Heureusement, toutes nos préparations nous ont permis de les maîtriser. La pire année a été évitée.”
Un espoir pour la régénération de la forêt
La réduction de la déforestation n’est pas le seul bénéfice de cette action. La régénération de la forêt est un autre aspect crucial témoignant de la résilience de nos écosystèmes, pourvu qu’on leur donne les moyens et le temps. Bien que le processus soit progressif, chaque pousse, chaque nouveau signe de vie est une source d’espoir pour la biodiversité et pour la population locale.
« Une parcelle de terre était, il y a trois ans, entièrement ravagée par les feux. Aujourd’hui, nous voyons des repousses très encourageants de quelques mètres dans la même zone », raconte Hangy, un responsable permanent à Marofandilia. « Nous sommes heureux de voir que nos efforts sont récompensés. Nous aimons notre forêt, elle fait partie de notre identité, de notre culture, de notre histoire. Nous voulons la transmettre à nos enfants. »
Sauver Menabe Antimena est aujourd'hui une possibilité
Mais Fanamby n’aurait pas pu obtenir ces résultats encourageants sans le travail acharné de tous les acteurs de la conservation. La collaboration avec Durrell a été cruciale pour mener les brigades anti-feu. La coordination avec le gouvernement, notamment le ministère de l’Environnement, la DREDD et les OMCs, a été le point d’orgue de toute cette opération. Les synergies ont d’ailleurs été renforcées par l’arrivée de bailleurs communs pour la protection de ce paysage, tels que la fondation HEMPEL et la FAPBM.
“Nous sommes reconnaissants envers tous nos partenaires, qui nous ont fait confiance et qui nous ont soutenus dans cette lutte”, déclare Soary Tahafe. “Sans leur appui technique et financier, nous n’aurions pas pu réaliser tout ce que nous avons fait. C’est grâce à eux que nous avons pu mener ce combat.”
Des perspectives positives pour 2024
Fort de ces succès, Fanamby compte poursuivre ses efforts en 2024, avec l’objectif de consolider les acquis et de relever les nouveaux défis. Parmi ces priorités figurent :
- Le renforcement de l’application des lois et des décrets auprès de la population locale. Il a été constaté que des membres de la communauté locale collaborent avec les migrants dans la plantation illégale de Maïs et d’Arachide dans le noyau dur de l’aire protégée.
- La restauration active de la forêt, à travers des actions de reboisement, d’enrichissement et de protection des zones dégradées, en impliquant les communautés locales.
- La promotion du développement durable, à travers le renforcement des activités alternatives, l’appui à la gouvernance locale, et la création de chaînes de valeur.
- La mobilisation des ressources, à travers la recherche de nouveaux partenaires au service des communautés locales pour parvenir à la diversification des sources de financement et la mise en place de mécanismes innovants.
« Ceci n’est que la fin du premier round » ajoute Soary. De grands défis nous attendent en 2024 pour relever le pari de la conservation de Menabe Antimena. Cependant, nous avons prouvé que la déforestation peut être inversée lorsque les efforts sont concertés. Ainsi, nous sommes déterminés à poursuivre notre lutte avec le soutien de tous nos partenaires »