La réputation de Madagascar pour la beauté de ses paysages sauvages et de ses forêts naturelles n'est plus à faire. Avec un taux d'endémicité de près de 90%, soit l'un des plus élevés au monde, ce paradis de la biodiversité est aujourd'hui menacé de disparition. Jadis une grande île verte, Madagascar est aujourd'hui surnommée l'île rouge où 44% de ses forêts naturelles ont disparu ces soixante dernières années. Malgré ce constat, des solutions sont encore possibles pour permettre la sauvegarde de ce patrimoine forestier unique et lutter contre la pauvreté.
Directement touchée par la déforestation et le déséquilibre de son écosystème, l'aire protégée d'Anjozorobe-Angavo s'étend sur une superficie de 41 100 hectares. Elle constitue l'un des derniers vestiges de la forêt primaire des hauts-plateaux malgaches et abrite une faune et une flore exceptionnelle ainsi qu'un patrimoine écologique, culturel et touristique à préserver de toute urgence. Sa disparition progressive entraine une érosion des sols de même que la perte d'habitat pour des dizaines d'espèces endémiques.
Par ailleurs, l'absence d'électrification et d'opportunités économiques pour les populations rurales de cette région avaient déjà été identifiées par le CEAS. Il était ainsi clair que l'accès à une source d'électricité permettrait de développer une nouvelle économie dans la commune. Mais il était important pour nous de lier cette opportunité à l'arrivée d'alternatives à la coupe de bois sauvage qui représente encore une source de revenus faciles pour les habitant.es des abords de l'aire protégée.
C'est ainsi qu'avec la collaboration de l'association malgache Fanamby, gestionnaire de l'aire protégé d'Anjozorobe-Angavo, le CEAS a mis sur pied le projet Empower Mandialaza, du nom de la commune se trouvant en bordure de cette forêt. Celle-ci possède une chute d'eau permettant d'envisager la mise en service d'une centrale hydroélectrique de 200 kW. Le projet fournira ainsi de l'électricité pour les besoins des ménages et des petites entreprises de la commune. Pour Madame Tiana Andriamanana, Directrice Exécutive de Fanamby, l'eau est au cœur du projet. D'une part, elle est essentielle aux activités de reboisement et d'autre part, elle permettra d'alimentaire la future centrale.
Pour permettre le développement économique de la région, l'intégration d'un second projet appelé « Energynger » était par contre nécessaire. Son objectif est ainsi de développer l'industrie du gingembre dans cette même région, mettant à la disposition des groupements de productrices et producteurs l'électricité produite par la centrale de Mandialaza. Le CEAS soutiendra par ailleurs, la réhabilitation d'une unité de transformation de gingembre qui produit déjà de la poudre et de l'huile. Ces exploitants disposeront d'une chaudière très efficiente, capable d'utiliser des combustibles alternatifs au bois de la forêts primaire. « Au vue de la complexité des problématiques, les solutions doivent être à plusieurs niveaux. L'accès aux sources alternatives génératrices de revenus reste la base et doit être accompagné d'une sensibilisation et de l'application de la loi par les autorités compétentes. » selon Madame Andriamanana.
Pour mener à bien ce projet qui rassemble électrification rurale, développement économique et préservation de l'environnement, des campagnes de gestion des espaces protégés et de reboisement sont élaborées. La dimension sociale et la contribution des communautés locales est un facteur clé pour le développement durable de la commune de Mandialaza, la présence d'un socio organisateur sur le terrain permet la collaboration constante et directe avec les communautés locales afin de mettre sur pied diverses activités telles que le reboisement de certaines zones de l'aire protégée.
L'impact et la pression exercés jusqu'à aujourd'hui sur l'Aire Protégée d'Anjozorobe-Angavo n'est donc plus une fatalité. Même si le développement économique et la protection de l'environnement peuvent sembler des concepts totalement opposés, les intégrer dans une nouvelle synergie économique et écologique permettra d'améliorer les conditions de vie des populations locales tout en diminuant les coupes sauvages. Le CEAS souhaite ainsi permettre de démontrer que l'économie peut être au service de l'écologie à Madagascar.
Cet article est paru dans le magazine Déclic N°24 du CEAS