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Menabe Antimena constitue le plus grand bloc de forêt sèche à Madagascar
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Les points de feux ont été largement réduits l'an dernier grâce à une meilleure concertation des efforts visant à dissuader les activités illicites et à soutenir les alternatives économiques des communautés locales. Ces efforts ont abouti à une diminution de 72% des points de feux par rapport à 2021 - passant de 438 à 121 dans le noyau dur de l'aire protégée - la plus basse enregistrée en cinq ans. Les pertes de couvertures forestières dans le noyau dur ont également été maintenues à 514 ha contre 535 ha en 2021, 456 ha en 2020, et 1.803 ha en 2019.

Chaque effort d'intervention des acteurs de la conservation ont permis d'aboutir à ce résultat que beaucoup qualifie de miracle. En effet, avec une moyenne annuelle de 1820 ha de perte forestière entre 2008 et 2010, les scientifiques ont alerté la disparition du bloc forestier de Menabe Central vers 2050 si rien ne change. En 2018, en période électorale, ces pertes ont même atteint les 7.390 ha de forêts défrichées. Ce n'est qu'en 2020 que la situation s'est améliorée grâce notamment aux restrictions de mouvement causées par l'état d'urgence sanitaire. En empêchant tout mouvement migratoire, les pertes en couverture forestière ont été réduites de 80%.

Cette situation démontre que les pressions liées aux feux dans l'Aire Protégée sont en grande partie dues par des flux migratoires. En l'absence d'opportunités économiques et parfois poussées la sècheresse, l'insécurité, et la famine dans leur village, ces populations sont à la quête de zones agricoles, recherchant une meilleure vie. Elles défrichent la couverture forestière pour les transformer en plantation de maïs et d'arachide. Cette implémentation illicite dans l'aire protégée est davantage accentuée par la corruption de hauts fonctionnaires voulant s'enrichir par la revente des produits à des opérateurs privés. Une situation déplorable qui présageant la disparition de Menabe Antimena d'ici 2050.

Les brigades vertes durent 20 jours par mois à l'intérieur même des forêts.
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Par ailleurs, les efforts déployés en 2022 ont toutefois pu montrer une fenêtre de possibilité pour sauver Menabe Antimena. Une lueur d'espoir possible grâce à une synergie et une meilleure coordination des actions, efforts et engagements des diverses parties prenantes : les agents de feu, Direction Regional de l'Environnement et du Développement Durable (DREDD), les Komity Miaro sy Mitantana ny Faritra Arovana (KMMFA), brigade de feu, Durrell, la Centre National de Formation, d'Etudes, et de Recherche en Environnement et Foresterie (CNFEREF), Madagascar National Parks (MNP), et World Wildlife Fund (WWF).

Par exemple, Durrell s’est focalisée sur les patrouilles et les initiatives de restauration avec les KMMFA. Les membres de l’OMC ou organe mixte de contrôle ont validé les interventions des gestionnaires et des communautés locales. Enfin, Fanamby a appuyé les agents de lutte contre les feux et les descentes de patrouilles mixtes. Elle a effectué 20 jours de brigade verte en forêt tous les mois du deuxième semestre de l’année 2022. Ces activités ont pu être réalisées notamment grâce au financement des bailleurs de fonds qui se sont adaptés à la réalité du terrain. Si la Fondation pour les Aires Protégées et la Biodiversité de Madagascar (FAPBM), Rewild, Conservation Allies ont accepté de financer les patrouilles, USAID Mikajy a quant à elle réalisé des appuis aux alternatives économiques. Enfin, l’USAID Hay Tao a créé un système de gouvernance et de cartographie de l’utilisation des données pour diriger les futures opérations.

Pour 2023, l'objectif est de maintenir, voire, de réduire les points des feux et les pertes de couverture forestière. En renforçant les patrouilles et les surveillances dans le noyau dur, les parcelles défrichées peuvent être laissées en jachère - au repos et sans perturbations humaines - afin qu'elles puissent se regénérer naturellement. Aujourd'hui, quelques surfaces de régénération ont déjà été constatées. Les actions de repressions participent ainsi à une stratégie de restauration forestière dite passive. En appuyant ces efforts par la sensibilisation des populations à se tourner vers l'agriculture de conservation et à arrêter les cultures sur brûlis, Menabe Antimena pourrait un jour, retrouver sa splendeur d'antan.

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